Il y a une semaine exactement, à l’heure où j’écris, il était 7h du matin à Bogotá. Nous terminions notre dernière nuit en Colombie et après le petit déjeuner, nous bouclions nos sacs, gros et petits, pour la dernière fois du voyage.

Il faisait beau ce jour-là. Le ciel n’était pas complètement bleu, mais pas complètement couvert non plus. Nico et moi avons fait une dernière petite balade jusqu’à la Plaza Bolivar dans la matinée. Nous nous sommes offert des jus de canne à sucre au citron vert. En fin d’après-midi, après avoir tous fait une sieste en anticipation de la nuit en avion, Nico et moi sommes allés nous asseoir sur le muret tout près du Templete del Libertador pour s’emplir une dernière fois de l’ambiance de Bogotá, de Colombie et d’Amérique du Sud. Le soleil était déjà bien descendu dans le ciel et projetait une lumière dorée sur le Monserrate, l’une des collines bordant la ville de Bogotá…

Aujourd’hui, sept jours plus tard, nous avons déballé la majorité de nos caisses et réemménagé une bonne partie de la maison. D’ailleurs, si vous entendez parler de quelqu’un qui déménage, on a plein de caisses à déménagement et de caisses à bananes à donner. C’est la première fois que je me permets de me poser, seule. Ma garde-robe attend d’être remplie, mais écrire passe avant. Je n’ai pas envie de laisser passer cette occasion en or de faire le point, de prendre un peu de distance et de voir où nous en sommes.

Nous avons été accueillis et entourés de plein de chaleur humaine depuis notre retour. Nous n’étions pas encore sortis du train qu’Oli, mon frère, et son fils Léon, nous cherchaient déjà du regard. Deux collègues de Nico nous ont vite rejoints sur le quai. J’ai failli dire « Gracias! » au monsieur qui sortait nos gros bagages du compartiment. Et une surprise de taille nous attendait en bas de l’escalator descendant vers la gare : un comité d’accueil tout sourire, toutes générations confondues, avec des panneaux couverts de messages sympas et même un vrai pirate ! Nous nous attendions à 6-7 personnes ; elles et ils étaient 27 ! Un immense MERCI !

Et les MERCIS ne s’arrêtent pas là. De toute la première semaine, nous n’avons pas encore cuisiné et nous avons fait une seule petite course. Nous avons été très entourés par nos familles, nos amis, nos voisins, les parents des amies de nos filles… Nos armoires et notre frigo étaient remplis de réserves délicieuses (aaah, les fromages et les bières européenn(e)s, quel plaisir !), nos lits et nos matelas étaient déjà installés, une série d’assiettes et couverts étaient sortis des caisses. On nous a apporté des repas, on a gardé nos filles, aidés à descendre des caisses, invité nos louloutes à jouer, nous avons été invités à manger ; des voisins nous ont écrit une gentille carte, d’autres ont accueilli Margaux chez eux pour jouer avec leur petite-fille et d’autres encore nous ont offert un ballotin des meilleures pralines du monde : celles de Maoline ! Un délice !

Quand nous étions encore en Colombie, je pensais que je me sentirais un peu décalée en revenant en Belgique. Je croyais que la maison, la rue me sembleraient bizarres, peut-être les paysages aussi. J’avais eu ça en revenant de Madagascar à Bruxelles en 2007. Mais cette fois-ci, rien de tout ça ! Dès la seconde où je suis entrée dans la maison, même vide, c’était normal. Comme si je n’étais jamais partie. Le jardin aussi, la rue, sont normaux. Tout Braine-l’Alleud est normal. Rien ne m’étonne, rien ne me choque, rien n’a changé. C’en est presque décevant. Et en même temps, c’est chouette qu’on soit si vite de nouveau « chez nous ».

Déjà maintenant, à peine six jours après notre retour, c’est Braine-l’Alleud et la Belgique qui me semblent normaux et l’Amérique du Sud qui me semble déjà tellement loin, comme dans un rêve. On a vraiment été là-bas pendant dix mois et demi ? De retour ici, on ne dirait pas.

Je n’ai pas envie de le lâcher si vite, ce continent de tous les extrêmes. Oh oui, bien sûr, j’ai rapporté mille trésors dans mon cœur. Bien sûr, mille souvenirs dans ma tête. Bien sûr, le voyage m’a changée. Tout ça est là et reste. Mais étrangement, ça m’attriste d’être si vite réadaptée. Les premiers jours après notre retour, comme pour rester encore un peu dans le voyage, j’ai continué à porter une des deux robes que j’avais avec moi. Hier, pour aller souper chez des amis brainois, j’ai ressorti d’autres vêtements. Ça fait bizarre !

Dans le TGV de Paris à Bruxelles, j’ai beaucoup pleuré. Ça m’a fait du bien. J’ai pu rentrer plus sereine. Ces jours-ci, je me sens fragile. J’ai besoin de rester fort dans le présent : ouvrir les caisses, faire des lessives, ranger, trier, partager des repas, revoir nos proches, lire des livres à Margaux. Ah, les « vrais » livres en papier, quel plaisir de les feuilleter ! Je préfère ne pas trop regarder l’avenir, ni l’avenir proche, ni l’avenir plus lointain. Ça me convient bien pour l’instant. Je suis très bien dans le « maintenant ».

Pour une transition plus douce, ça m’a fait du bien d’avoir pu rester chez nous, aussi, la première semaine. Je ne suis presque pas sortie, sauf pour racheter quelques vêtements à Éline, qui a grandi de 8 centimètres ! Et pour aller chercher notre voiture à Namur avec Nico. Lucie et Margaux ne sont pas en reste : elles ont grandi chacune de 6,5 centimètres. Mais pour elles, on avait des vêtements en stock.

Avant de partir, nous avions fait un grand tri dans ce que nous possédions. Nous avions beaucoup donné et jeté de choses. En défaisant les caisses, nous faisons un nouveau tri. Après avoir vécu avec cinq valises pendant presque un an, nous avons plus que jamais envie et besoin de légèreté. Et de simplicité. Moins on possède de choses, moins on doit en entretenir, et plus on est libres pour des tas d’autres expériences.

Notre retour me fait prendre conscience qu’avant tout le reste, c’est le lien entre êtres humains le principal. Et le lien avec la nature. J’ai envie de faire de la place dans ma vie pour ça.

(NB : si cela gêne quelqu’un d’apparaître sur la photo d’en-tête de cet article, dites-le nous et nous la changerons.)

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